Les kinés sont-ils plus exposés que les autres au burn out ?

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Dernière modification le 07/01/2024
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Début 2021, la Carpimko révélait au moyen d’une étude menée auprès de 230 000 soignants affiliés et exerçant en libéral, le degré de pénibilité au travail auquel cette population était confrontée. L’étude inquiétait tant le constat était sans équivoque : les professionnels de santé interrogés témoignaient dans leur majorité d’une souffrance au travail (pénibilité physique et/ou psychologique/émotionnelle). Parmi les kinés libéraux sondés, 39 % – soit 4 kinés sur 10 (!) – déclaraient présenter un niveau sévère d’épuisement.

 

L’enquête menée courant 2020 se juxtapose au contexte de pandémie et à la pression exercée sur les professionnels de santé. Néanmoins nous sommes en droit de nous interroger sur le caractère endémique de cet épuisement professionnel chez les kinésithérapeutes en libéral.

 
 
 

🎙Écouter notre podcast : “Maddie, conversation avec un kiné”

Qu’est ce que le burn out ?

Le syndrome d’épuisement professionnel, ou burn-out, est un état d’épuisement physique, émotionnel et mental lié à une dégradation du rapport d’une personne à son travail.

Le burn-out n’est pas considéré comme une maladie mentale mais comme un syndrome s’accompagnant d’un ensemble de symptômes. Il se caractérise par un stress professionnel intense, un sentiment de perte de sens, de dépersonnalisation et déshumanisation, l’impression de ne pas avancer et se réaliser.

Il affecte bien souvent des personnes ayant un engagement professionnel intense et souffrant d’une surcharge de travail chronique ou ponctuelle.

Le burn-out se déclare dans des situations où les attentes du travailleur vis-à-vis de son poste se trouvent en décalage par rapport à la réalité. Il est encouragé par le manque de soutien et de reconnaissance de la part de sa hiérarchie ou de ses confrères.

 

Les kinés, “champions” du syndrome de la dépersonnalisation

Les conditions de travail des kinésithérapeutes les exposent particulièrement au syndrome de burn-out. Dans son étude, la Carpimko mettait en évidence ce chiffre ahurissant : plus d’un kiné libéral sur deux déclaraient présenter des signes de burn-out.

Pour mesurer l’étendu du problème et bien comprendre ses mécanismes intrinsèques, il s’agit de décomposer ce syndrome en trois dimensions :

  • L’épuisement émotionnel, aussi appelé syndrome anxieux dépressif. Cet état se caractérise par une intense fatigue ressentie à l’idée même du travail. Il s’accompagne de troubles du sommeil ou troubles physiques. Le travail est ressenti comme étant trop difficile, fatiguant ou stressant. Les personnes en situation d’épuisement émotionnel peuvent décrire leur état en se disant «vidée ».

  • La « dépersonnalisation », aussi qualifiée de perte d’empathie. Il s’agit d’une déshumanisation dans les rapports au travail. L’individu souffrant de dépersonnalisation témoigne d’un détachement excessif, négatif voire cynique vis-à-vis de ses patients ou collègues. Il s’efforce de refreiner son empathie et se replie progressivement sur lui-même.

  • Le sentiment de non-accomplissement personnel. Comme son nom l’indique, ce sentiment se caractérise par la sensation de ne pas être à la hauteur de ses responsabilités, d’être en deçà des objectifs attendus. Il s’accompagne d’une perte de confiance en soi et d’une démotivation marquée dans son travail. Cette situation est dangereuse pour l’individu qui se sent rapidement pris au piège d’une spirale d’échecs dont il a l’impression de ne pouvoir sortir seul.

Le tableau ci-dessous présente pour chaque profession la proportion d’individus reconnaissant souffrir d’une ou plusieurs de ces dimensions :

 
 

Etudes Carpimko sur la pénibilité de l’exercice professionnel, 2020

Les kinésithérapeutes, “poly-exposés” aux risques de burn-out

Les raisons pour lesquelles une grande partie de la profession se retrouve aujourd’hui dans une situation de souffrance au travail sont à discuter. Nous pouvons déjà avancer ici quelques pistes de réflexions.

Rythme de travail intense

Les disparités entre cabinets à l’échelle du territoire varient énormément. Cabinets urbains versus cabinets installés dans des déserts médicaux, cabinets accueillant un patient par demi-heure versus plusieurs en même temps,… Néanmoins, il est possible de poser ici un premier constat : la majorité des kinésithérapeutes connaissent des situations de surcharge de travail chroniques.

Selon la Carpimko, le volume horaire hebdomadaire moyen est de 50 heures réparties sur de larges amplitudes horaires (8h30/9h à 20h/21h). La demande de soins auquelle les kinésithérapeutes doivent faire face est de plus en plus importante et peut donner le sentiment d’être submergé par la tâche à accomplir.

Déséquilibre vie pro/perso

Aux heures de consultations s’ajoutent le poids de la gestion administrative du cabinet. Facture, télétransmission, pointage, comptabilité…En moyenne, un kinésithérapeute consacre une demi-journée de travail par semaine à son administratif. Un rythme qui finit par rendre impossible un équilibre raisonnable entre vie professionnelle et privée, et qui continue d’aggraver le sentiment de mal-être au travail.

Manque de reconnaissance et sentiment d’abandon

La baisse du pouvoir d’achat et les injonctions contradictoires – “accueillir plus de patients et mieux en un minimum de temps” – viennent parachever le malaise.

Le décalage entre le niveau d’engagement et d’exigence des kinésithérapeutes vis-à-vis de leur métier – d’ailleurs souvent présenté comme une vocation – et les facteurs d’usures psychologiques à l’oeuvre dans ce secteur explique également pourquoi cette population semble aussi fragile à l’endroit de son travail.

 
 

Êtes-vous sujet à un burn out ?

Quand on est en burn out, les manifestations sont à la fois physiques (fatigue, maux de tête, rachialgies, tensions musculaires, problèmes cutanés…), cognitives (difficulté à décider, à se concentrer, détérioration de la qualité du travail…), émotionnelle (perte de confiance, agressivité, pessimisme, fuite relationnelle…).

Le test de Maslach permet d’évaluer l’atteinte psychologique au travail. Il consiste en un ensemble de phrases qui décrivent des sentiments ressentis par rapport à son travail et qu’il s’agit de noter de 0 à 6 en fonction de leur fréquence.

 

Ce test investigue les trois dimensions décrites plus haut dans cet articles :

  • l’épuisement professionnel

  • la dépersonnalisation

  • l’accomplissement personnel.

Résultats

Épuisement professionnel : questions 1, 2, 3, 6, 8, 13, 14, 16 et 20

– Total inférieur à 17 : burn-out bas ;

– Total compris entre 18 et 29 : burn-out modéré ;

– Total supérieur à 30 : burn-out élevé.

Dépersonnalisation : questions 5, 10, 11, 15 et 22

– Total inférieur à 5 : burn-out bas ;

– Total compris entre 6 et 11 : burn-out modéré ;

– Total supérieur à 12 : burn-out élevé.

Accomplissement personnel : questions 4, 7, 9, 12, 17, 18, 19 et 21

– Total supérieur à 40 : burn-out bas ;

– Total compris entre 34 et 39 : burn-out modéré ;

– Total inférieur à 33 : burn-out élevé.

Si votre score est élevé aux deux premières dimensions et faible pour la dernière, consultez votre médecin

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