L’accompagnement kiné de Serena Williams en 5 sets par son kiné, Grégory Visery

Vos pratiques de soins » L’accompagnement kiné de Serena Williams en 5 sets par son kiné, Grégory Visery
Dernière modification le 01/01/2024
Facebook
Twitter
LinkedIn

Sommaire

    La pratique de la kinésithérapie dans le milieu du tennis professionnel présente des similitudes avec la prise en charge de sportifs amateurs dans nos cabinets de kinésithérapie. On retrouve les questions sur les étirements, sur le traitement des blessures, sur les diagnostics. Mais on retrouve aussi de nombreuses spécificités propres au monde de la compétition de très haut niveau !

    En février dernier, nous avons eu l’honneur d’accueillir Grégory Visery, kiné de Serena Williams, au micro de notre podcast Maddie, Conversation avec un kiné.

    Revenons en 5 sets sur les grands enseignements de notre échange avec Grégory.

    🎙Ecouter le podcast : « Devenir, à 30 ans, le physio de Serena Williams »

     

     

    Relation de confiance et alliance thérapeutique

    Portrait de Grégory, kiné de Serena Williams : quand le talent rencontre l’opportunité

    Après ses études de kinésithérapie à Grenoble, Grégory entre immédiatement dans le football de haut niveau avec un passage par le club de Grenoble puis un recrutement en tant que kiné du club d’Evian Thonon Gaillard.

    A 30 ans, au côté de la team @11leader d’Arnaud Bruchard, il devient un des 3 physios de Serena Williams. Talent, passion, travail et opportunité, le petit “frenchy” joue dans la cours des grands au côté d’une des plus grandes athlètes du sport moderne.

    Du sport collectif à l’accompagnement de Serena Williams : l’adaptation nécessaire de Grégory, kiné de haut niveau

    Nouveau paradigme : cette transition du sport collectif vers l’accompagnement d’une tenniswoman nécessite son lot d’adaptations : nouveaux codes, nouvelle forme d’alliance thérapeutique où la confiance “patient (ou devrais-je dire sportif) – praticien” est la clé de voûte de la réussite de cette collaboration thérapeutique.

    L’équipe qui entoure Serena est nombreuse et soudée, on compte :

    • son entourage personnel
    • un sparring partner: Jarmere Jenkins
    • un entraîneur : Patrick Mouratoglou
    • 3 physios : Derrick Piersen, Ruben Mateu et Grégory Visery

    Après une première semaine d’adaptation professionnelle et exploratoire à l’arrivée de Grégory dans le staff, les bases sont posées. Commence alors à se tisser la toile de l’alliance thérapeutique, celle qui façonne la relation entre un.e grand.e joueur.se et son staff médical et qui crée les conditions de la confiance réciproque.

    Condition sine qua non au bon fonctionnement du staff d’un.e athlète ? La communication pardi !

     

     

    Patrick Mouratoglou – Grégory Visery – Serena Williams

    Communication : premier facteur clé de succès

    La team physio de Serena : une collaboration gagnante basée sur la complémentarité des kinésithérapeutes

    Le tennis est un sport individuel, mais il y a un véritable travail d’équipe autour du joueur pro. La communication est un enjeu majeur.

    Dans la team physio de Serena, un subtil trio de kinésithérapeutes aux backgrounds complémentaires :

    • Derrick Piersen , physio américain et préparateur physique. Aux US les physios sont doctorants.
    • Ruben Mateu, kiné et ostéopathe espagnol, porté sur des techniques invasives comme la remodulation ou le dry needling.
    • Grégory Viséry, physio français , diplômé de l’école de Grenoble, membre @kinesportexpert & @11leader, axé “evidence-based”.

    La collaboration collégiale pour la performance de Serena Williams

    S’agissant de l’accompagnement de Serena, les décisions se prennent de manière collégiale. Le rôle de l’équipe de physios est d’exposer les informations et les risques encourus au regard de la condition de Serena, à la recherche du meilleur consensus. Serena et son coach ont ensuite toujours le dernier mot.

    Outre la barrière de la langue qui se franchit facilement avec l’anglais, cette diversité des parcours et cultures de kinés est une richesse pour la performance et la prise en charge de Serena, lui offrant leurs regards croisés, à l’aune du large éventail de leurs connaissances.

    👉Lire l’article : Kinés à l’étranger

    La communication cruciale entre les physios et les kinés pendant les matchs du grand chelem

    Pendant les matchs du grand chelem, un autre mode de communication s’installe, puisque les physios des joueurs doivent laisser leur place aux kinés de la WTA, dévolus et seuls autorisés à entrer sur les cours.

    L’enjeu est donc de transmettre aux kinés du tournoi leurs indications de prise en charge en amont, la manière de strapper le joueur, etc.

    En 2019, lors des 8e de finale, Serena se fait une entorse de la cheville. Grégory se doute du mécanisme lésionnel et des structures impactées. Le pronostic reste bon, elle arrive à marcher, on peut éliminer certains critères d’Ottawa. Les kinés dévolus ont eu en amont du match les consignes pour strapper et quel type de renfort appliquer.

    Comment prévenir le risque de blessures sur des corps autant exposés ?

     

     

    Prévention des blessures : le cas spécifique du tennis

    Le tennis, un sport exigeant pour le corps : les blessures fréquentes chez les joueurs professionnels

    Les matchs de tennis n’ont pas de limite de temps de jeu. Vous rappelez-vous de la rencontre entre John Isner et Nicolas Mahut à Wimbledon en 2010 ? Le match avait duré 3 jours et 11 heures !

    On imagine assez bien les traumatismes auxquels le corps est soumis. Spécificité encore propre au tennis : les blessures impactent toutes les parties du corps :

    • 50% sont des pathologies des membres inférieurs : entorse de la cheville , lésions méniscales, tendinopathie du genoux, pathologie de la hanche …
    • 25% sont au niveau du tronc : lésion abdominale et discale
    • 25% sont au niveau des membres supérieurs, souvent dû au surmenage : lésion au labrum, SLAP lesion , tendinopathie…

    Les défis de la kinésithérapie face aux contraintes physiques du tennis professionnel.

    La multiplication des tournois et l’amélioration des performances des joueurs et des équipements n’arrangent pas les choses en matière de blessures et soumettent le corps a davantages de contraintes.

    “Il est maintenant courant d’observer des services à 200 km/h, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.” illustre Grégory à notre micro.

    En kinésithérapie dans la prise en charge des blessures, il est d’usage (et les études le prouvent), de considérer que la charge optimale est celle qui est tolérée en termes de douleur (EVA 4/10), comme la spécifié à notre micro, Arnaud Bruchard, kiné à la tête de Kinésport et fondateur de 11leader.

    Mais s’agissant d’une athlète comme Serena qui a “un seuil de résistance à la douleur, très élevé”, le thérapeute est parfois confronté à une forme d’accoutumance à douleur persistante. “Entre 2003 et 2012, 63% des blessures qui ont eu lieu à Wimbledon étaient chroniques et seraient survenues avant Wimbledon”

    👉Lire l’article : Kinés, découvrez 6 clés pour expliquer la douleur à vos patients

    Choix des chaussures : les technologies de contrôle sur le plan latéral

    Les spécificités des chaussures de tennis : entre confort, prévention et performance

    Les caractéristiques des chaussures de tennis reposent globalement sur les mêmes critères que celles de la course à pied (poids, taille, drop…) mais ont une spécificité supplémentaire à prendre en compte : les technologies de contrôle sur le plan latéral.

    Dans les matchs de tennis, les déplacements sont latéraux et brutaux, avec de nombreux changements de directions.

    Comme en course à pied, on peut positionner les chaussures de tennis sur une échelle minimaliste-maximaliste, sans affirmer que l’un est meilleur que l’autre.

    L’important est de trouver l’équilibre optimal entre le confort, la prévention des blessures et la performance en prenant en compte le jeu de l’athlète et ses antécédents.

    👉Pour aller plus loin sur le chaussage en course à pied, lire l’article : “5 points clés sur la course à pied et la prévention des blessures

    Les surfaces de jeu au tennis : des contraintes différentes pour les corps des athlètes

    Dans le tennis, la surface du terrain (qui change d’un tournoi à l’autre) a de nécessaires incidences sur la nature des déplacements, des appuis et des chocs et engendre donc différentes contraintes subies par les corps des athlètes.

    Dans le cas du jeu sur terrain dur, le coefficient de friction est fort ainsi que la contrainte sur les articulations. Il implique aussi des rebonds de balle rapide.

    La terre battue offre un jeu plus lent ainsi que la possibilité de glisser. La préparation musculaire sera différente, davantage concentrée sur les contractions excentriques (ischio, adducteur)

    Le gazon induit un jeu plus rapide avec un rebond plus bas, il change les patterns des blessures.

    Ainsi, l’on constate que le danger n’est pas tant dans la pluralité des surfaces que dans le temps d’adaptation nécessaire pour passer d’une surface à l’autre.

    La préparation serait-elle la clé ?

    Préparation et récupération : ce qui se joue hors du court

    Les défis de la préparation des joueurs de tennis : planification et équilibre fragile

    Une des difficultés encore très spécifiques au tennis dans la préparation du joueur, par rapport au foot par exemple, c’est l’inconnue qui plane autour de l’heure du début du match (qui dépend en général de la fin du précédent) et la durée du jeu.

    La planification, l’intensité de l’échauffement sont donc pour l’entraîneur et les kinés, un jeu d’équilibre fragile pour maximiser les chances du/ de la joueur.se d’être prêt.e pour le match. L’enjeu majeur en matière de préparation : mettre en place toutes les conditions de réussite pour que l’athlète n’ait qu’à se concentrer sur son jeu et rien d’autre !

    👉Lire l’article : Conseils et parcours de kinés du sport à succès

    Les 4R : la clé pour récupérer

    S’agissant de la récupération, le temps “disponible” entre chaque match déterminera à quelle point elle est plutôt active ou passive.

    Les 4R : tips livrés par Grégory pour schématiser les systèmes de récup :

    • Refuel : récupération énergétique
    • Rehydrate : hydrater l’athlète
    • Rebuild : récupération physique, réparation des tissus endommagés
    • Relax : récupération cognitive / faire passer le joueur en phase parasympathique pour faciliter la récupération

    Par exemple, il est déjà arrivé à Serena d’enchaîner des matchs simples et doubles dans la même journée. Les physios ont donc dû mettre en place des stratégies de récupération active pour que Serena puisse jouer au maximum de ses capacités.

     

     

    Serena Williams et Grégory Visery

    “Tout est possible si on a la passion”

    Les 5 idées à retenir

    1. Le kiné Gregory Visery a accompagné la championne de tennis Serena Williams durant plusieurs années en tant que kinésithérapeute et préparateur physique.
    2. Gregory Visery a travaillé en étroite collaboration avec Serena Williams pour améliorer sa condition physique et l’aider à prévenir les blessures tout en améliorant ses performances.
    3. Le traitement de la championne de tennis a été adapté en fonction des différentes phases de sa carrière, notamment lors de sa grossesse et de son retour à la compétition après l’accouchement.
    4. Gregory Visery a utilisé diverses techniques de kinésithérapie pour aider Serena Williams, notamment la manipulation, les exercices de renforcement musculaire et les étirements.
    5. L’article souligne l’importance de l’accompagnement kiné pour les sportifs de haut niveau et les avantages que cela peut apporter en termes de performance, de prévention des blessures et de récupération.

    Pour écouter le podcast avec Grégory 👉 c’est par ici !

    Découvrez aussi d'autres articles

    agenda gratuit kinés min
    Uncategorized

    Santé mentale des kinés : l’Ordre s’engage pour prévenir les risques psychosociaux

    Santé mentale des kinés : l’Ordre s’engage pour prévenir les risques psychosociaux La Journée mondiale de la santé mentale, célébrée le 10 octobre, a rappelé une évidence : ce n’est pas qu’un rendez-vous symbolique, mais une réalité quotidienne pour des milliers de professionnels de santé. Parmi eux, les masseurs-kinésithérapeutes font face, chaque jour, à la douleur, à la fatigue et parfois à la détresse de leurs patients — tout en devant préserver leur propre équilibre psychique. En 2025, la santé mentale a été déclarée grande cause nationale. Une reconnaissance forte, qui met enfin en lumière les enjeux du bien-être psychique dans les métiers du soin. Car si les kinésithérapeutes soulagent les corps, ils sont aussi témoins — et parfois victimes — d’une charge émotionnelle considérable. Prendre soin des autres… sans s’oublier soi-même Isolement lié à l’activité professionnelle du cabinet, surcharge de travail, lourdeurs administratives, agressivité de certains patients : les sources de stress sont multiples. L’épuisement professionnel ou burn-out n’épargne pas les kinésithérapeutes. Conscient de ces difficultés, le Conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes a fait de la prévention des risques psychosociaux (RPS) une priorité dès 2018. Objectif : protéger la santé mentale des praticiens, qu’ils soient étudiants, libéraux ou salariés, et leur offrir des ressources concrètes pour ne pas rester seuls face à la détresse psychologique. Des actions concrètes pour accompagner la profession Depuis plusieurs années, l’Ordre déploie un ensemble de dispositifs pour soutenir les kinés au quotidien : Une enquête nationale sur les conditions de travail a également permis de dresser un état des lieux des sources de stress et de leurs conséquences physiques et psychologiques. Une actualisation de ces données est actuellement en cours. Un outil d’évaluation du burn-out désormais accessible Pour aller plus loin, l’Ordre propose désormais le Maslach Burnout Inventory (MBI), un test d’autoévaluation scientifique reconnu qui permet à chaque kinésithérapeute de mesurer son niveau d’épuisement.Cet outil explore trois dimensions clés du burn-out : Chaque professionnel obtient trois scores distincts lui permettant de mieux comprendre son état et, si besoin, de solliciter un accompagnement.  Parler de santé mentale, un pas vers le mieux-être La santé mentale ne devrait pas être un sujet de circonstance, mais un réflexe professionnel. En faire un thème central, c’est reconnaître que la qualité des soins dépend aussi du bien-être de ceux qui les prodiguent. Les actions engagées par l’Ordre rappellent qu’il est possible — et nécessaire — de changer les mentalités. Parler de son stress, de sa fatigue ou de son épuisement n’est pas un signe de faiblesse, mais une preuve de lucidité et de professionnalisme. Au-delà du dispositif institutionnel, chaque kinésithérapeute peut jouer un rôle : prendre du recul sur sa pratique, s’accorder du temps pour soi, échanger avec ses pairs, ou simplement oser dire quand ça ne va pas. Ces gestes simples, lorsqu’ils deviennent collectifs, contribuent à bâtir une culture du soin plus bienveillante et durable. Car la prévention, ce n’est pas seulement un acte médical — c’est aussi une attitude humaine.Et si le bien-être des soignants devenait enfin la première des prescriptions ? Alléger la charge mentale, c’est aussi repenser son quotidien professionnel. Avec Maddie, les kinésithérapeutes peuvent simplifier la gestion de leur cabinet grâce à un logiciel tout-en-un pensé pour eux : agenda intelligent, prise de rendez-vous en ligne, rappels automatiques, et centralisation des fiches patients en toute sécurité.En réduisant le poids des tâches administratives et la dispersion entre plusieurs outils, Maddie aide à retrouver du temps pour l’essentiel : le soin et soi-même.👉 Testez Maddie en version freemium et découvrez comment une solution simple peut vraiment alléger votre quotidien et préserver votre équilibre mental.

    Lire la suite »
    pilate
    Développer son activité

    ✨ Et si le Pilates devenait votre meilleur allié en cabinet ?

    De plus en plus de kinés intègrent le Pilates à leur pratique quotidienne pour améliorer la prise en charge, renforcer l’adhésion des patients et proposer une rééducation plus globale.
    Dans cet article, découvrez comment intégrer simplement le Pilates thérapeutique à vos séances, les bénéfices pour vos patients… et pour votre cabinet.

    Lire la suite »
    Retour en haut

    La solution d’agenda tout-en-un pour les professionnels de santé qui aiment faire des économies tout en optimisant leur planning. Déjà plus de 2000 libéraux satisfaits.